IV.15 Garten (Jardín)


Enfin, Margarethe et Faust se parlent pour la première fois et s'avouent leur amour. Méphistophélès commence à flirter avec Marthe pour taquiner. Les insinuations des uns et des autres deviennent de plus en plus claires, et il est même question de mariage, bien que Méphistophélès évite de répondre avec des mots précis à toute sorte d'insinuation. Contrairement à Margarethe, qui déteste Méphistophélès, Martha éprouve de la sympathie pour lui, ce qui souligne la différence entre les deux femmes. Méphistophélès l'appelle Kupplerin, c'est-à-dire entremetteuse. Si l'auteur de ce chapitre voulait être Méphistophélès, il dirait qu'il a un bon sens pratique et que Margarethe est un peu compliquée. Nous ne savons pas comment Goethe voyait les choses, mais nous savons qu'il a vécu un certain temps avec Christiane Vulpius sans être marié avec elle, ce qui a agacé Charlotte von Stein, c'est-à-dire que Goethe trouvait Charlotte von Stein un peu compliquée aussi.

  IV.15 Garten (Jardín)

Garten
Jardín
Margarete an Faustens Arm, Marthe mit Mephistopheles auf und ab spazierend.
Marguerite, au bras de Faust ; Marthe et Méphistophélès, se promenant en long et en large.
MARGARETE: MARGARITA:
Ich fühl es wohl, daß mich der Herr nur schont,
Herab sich läßt, mich zu beschämen.
Ein Reisender ist so gewohnt,
Aus Gütigkeit fürliebzunehmen;
Ich weiß zu gut, daß solch erfahrnen Mann
Mein arm Gespräch nicht unterhalten kann.
Je sens bien que monsieur m’épargne
et s’abaisse jusqu’à moi pour me rendre confuse.
Un voyageur est si habitué
à se contenter de ce qu’il trouve !
Je ne le sais que de trop, qu’un homme si savant,
ma pauvre conversation ne peut l’intéresser.
FAUST: Faust:
Ein Blick von dir, ein Wort mehr unterhält
Als alle Weisheit dieser Welt.
(Er küßt ihre Hand.)

Un regard de toi, un mot en dit plus
que toute la science de ce monde.

(Il lui baise la main.)

MARGARETE: MARGARITA:
Inkommodiert Euch nicht! Wie könnt Ihr sie nur küssen?
Sie ist so garstig, ist so rauh!
Was hab ich nicht schon alles schaffen müssen!
Die Mutter ist gar zu genau.
(Gehn vorüber.)
Ne faites pas cela ! comment pouvez-vous la baiser ?
elle est si vilaine, si rude !
À quoi aussi ne fallait-il pas pourvoir ?
ma mère est si exigeante !
(Ils passent.)
MARTHE: MARTA:
Und Ihr, mein Herr, Ihr reist so immer fort?
Et vous, monsieur, vous voyagez donc toujours ?
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Ach, daß Gewerb und Pflicht uns dazu treiben!
Mit wieviel Schmerz verläßt man manchen Ort
Und darf doch nun einmal nicht bleiben!
Hélas ! les affaires, le devoir, tout nous y pousse ;
avec quels regrets ne quitte-t-on pas certains lieux !
Et cependant on ne peut pas toujours rester.
MARTHE: MARTA:
In raschen Jahren geht's wohl an
So um und um frei durch die Welt zu streifen;
Doch kömmt die böse Zeit heran,
Und sich als Hagestolz allein zum Grab zu schleifen,
Das hat noch keinem wohlgetan.
Dans les belles années, cela peut convenir
de courir ainsi le monde à l’aventure ;
mais le mauvais temps arrive,
et se traîner seul au tombeau en vieux célibataire,
est un sort dont personne n’eut encore à se louer.
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Mit Grausen seh ich das von weiten.
Je l’entrevois de loin avec effroi.
MARTHE: MARTA:
Drum, werter Herr,
beratet Euch in Zeiten.
(Gehn vorüber.)
C’est pourquoi, digne seigneur,
vous ferez bien d’y réfléchir pendant
qu’il en est temps. (Ils passent.)
MARGARETE: MARGARITA:
Ja, aus den Augen, aus dem Sinn!
Die Höflichkeit ist Euch geläufig;
Allein Ihr habt der Freunde häufig,
Sie sind verständiger, als ich bin.
Oui, loin des yeux, loin du cœur !
La politesse vous est naturelle ;
mais vous, au moins, avez beaucoup d’amis,
et vous êtes plus entendu que je ne suis.
FAUST: Faust:
O Beste! glaube, was man so verständig nennt,
Ist oft mehr Eitelkeit und Kurzsinn.
Crois-moi, chère, ce que l’on nomme intelligence
n’est le plus souvent que vanité et courte vue.
MARGARETE: MARGARITA:
Wie?
Comment ?
FAUST: Faust:
Ach, daß die Einfalt, daß die Unschuld nie
Sich selbst und ihren heil'gen Wert erkennt!
Daß Demut Niedrigkeit, die höchsten Gaben
Der liebevoll austeilenden Natur-
Eh ! faut-il que la simplicité, que l’innocence,
n’aient jamais conscience d’elles-mêmes
et de leur valeur sacrée ! que l’humilité, un sort modeste,
les plus beaux dons que la nature en son amour dispense…
MARGARETE: MARGARITA:
Denkt Ihr an mich ein Augenblickchen nur,
Ich werde Zeit genug an Euch zu denken haben.
Songez donc à moi un petit moment,
j’aurai assez de temps pour songer à vous.
FAUST: Faust:
Ihr seid wohl viel allein?
VOUS êtes donc beaucoup seule ?
MARGARETE: MARGARITA:
Ja, unsre Wirtschaft ist nur klein,
Und doch will sie versehen sein.
Wir haben keine Magd; muß kochen, fegen, stricken
Und nähn und laufen früh und spat;
Und meine Mutter ist in allen Stücken
So akkurat!
Nicht daß sie just so sehr sich einzuschränken hat;
Wir könnten uns weit eh'r als andre regen:
Mein Vater hinterließ ein hübsch Vermögen,
Ein Häuschen und ein Gärtchen vor der Stadt.
Doch hab ich jetzt so ziemlich stille Tage:
Mein Bruder ist Soldat,
Mein Schwesterchen ist tot.
Ich hatte mit dem Kind wohl meine liebe Not;
Doch übernähm ich gern noch einmal alle Plage,
So lieb war mir das Kind.
Oui, notre ménage est petit,
encore faut-il y pourvoir.
Et puis nous n’avons pas de servante ;
il faut cuire, balayer, tricoter et coudre, et courir matin et soir.
Et ma mère est, dans tous les détails,
si soigneuse !
Non qu’elle ait toute raison, au moins, de se resteindre de la sorte ;
nous pourrions, nous aussi, en prendre à loisir et à meilleur titre que bien d’autres.
Mon père a laissé en mourant un joli petit avoir,
une maisonnette et un jardinet hors la ville.
Néanmoins, j’ai à présent des jours assez paisibles ;
mon frère est soldat,
ma petite sœur est morte,
la pauvre enfant m’a causé bien des peines ;
pourtant je reprendrais volontiers tout cela !
l’enfant m’était si chère !
FAUST: Faust:
Ein Engel, wenn dir's glich.
Un ange si elle te ressemblait.
MARGARETE: MARGARITA:
Ich zog es auf, und herzlich liebt es mich.
Es war nach meines Vaters Tod geboren.
Die Mutter gaben wir verloren,
So elend wie sie damals lag,
Und sie erholte sich sehr langsam, nach und nach.
Da konnte sie nun nicht dran denken,
Das arme Würmchen selbst zu tränken,
Und so erzog ich's ganz allein,
Mit Milch und Wasser, so ward's mein
Auf meinem Arm, in meinem Schoß
War's freundlich, zappelte, ward groß.
Je l’élevais et elle m’aimait de tout son cœur.
Elle était née après la mort de mon père.
À cette époque ma mère fut si bas,
que nous crûmes bien la perdre ;
elle se releva cependant, mais très lentement, petit à petit.
Vous comprenez qu’elle ne pouvait penser
à allaiter le pauvre vermisseau,
et je l’élevais toute seule avec du lait et de l’eau,
au point que c’était mon enfant.
Dans mes bras, sur mes genoux,
il me souriait, se trémoussait, grandissait.
FAUST: Faust:
Du hast gewiß das reinste Glück empfunden.
N’as-tu pas ressenti alors le bonheur le plus pur ?
MARGARETE: MARGARITA:
Doch auch gewiß gar manche schwere Stunden.
Des Kleinen Wiege stand zu Nacht
An meinem Bett; es durfte kaum sich regen,
War ich erwacht;
Bald mußt ich's tränken, bald es zu mir legen
Bald, wenn's nicht schwieg, vom Bett aufstehn
Und tänzelnd in der Kammer auf und nieder gehn,
Und früh am Tage schon am Waschtrog stehn;
Dann auf dem Markt und an dem Herde sorgen,
Und immer fort wie heut so morgen.
Da geht's, mein Herr, nicht immer mutig zu;
Doch schmeckt dafür das Essen, schmeckt die Ruh.
(Gehn vorüber.)
Oui, certes ; mais il y avait aussi bien des heures pénibles.
Le berceau de l’enfant était placé la nuit près de mon lit,
à peine il se remuait
que je m’éveillais ;
il fallait l’abreuver, le coucher à mes côtés ;
tantôt, s’il ne se taisait pas,
se lever du lit et parcourir la chambre en le berçant,
ce qui ne m’empêchait pas,
sitôt le jour, d’être au lavoir, au marché,
de veiller aux soins du foyer, et ainsi de suite, aujourd’hui comme demain :
Dame ! monsieur, on n’a pas toujours le cœur bien réjoui,
mais on en goûte mieux son repas, son repos.
(Ils passent.)
MARTHE: MARTA:
Die armen Weiber sind doch übel dran:
Ein Hagestolz ist schwerlich zu bekehren.
Les pauvres femmes y perdent leur latin ;
un célibataire est dur à convertir.
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Es käme nur auf Euresgleichen an,
Mich eines Bessern zu belehren.
Il ne faudrait rien moins qu’une personne
comme vous pour me mettre dans la bonne voie.
MARTHE: MARTA:
Sagt grad, mein Herr, habt Ihr noch nichts gefunden?
Hat sich das Herz nicht irgendwo gebunden?
Parlez franchement, monsieur : n’avez-vous encore rien trouvé ?
Votre cœur ne s’est-il pas attaché quelque part ?
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Das Sprichwort sagt: Ein eigner Herd,
Ein braves Weib sind Gold und Perlen wert.
Le proverbe dit : Un foyer à soi,
une brave femme, valent l’or et les perles.
MARTHE: MARTA:
Ich meine: ob Ihr niemals Lust bekommen?
J’entends si vous n’avez jamais eu de velléité ?
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Man hat mich überall recht höflich aufgenommen.
On m’a toujours reçu partout très poliment.
MARTHE: MARTA
Ich wollte sagen: ward's nie Ernst in Eurem Herzen?
Je voulais dire si vous n’avez jamais rien eu de sérieux au cœur.
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Mit Frauen soll man sich nie unterstehn zu scherzen.
Il ne faut jamais se permettre de badiner avec les femmes.
MARTHE: MARTA:
Ach, Ihr versteht mich nicht!
Ah ! vous ne me comprenez pas.
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES
Das tut mir herzlich leid! Doch ich versteh- daß Ihr sehr gütig seid.
(Gehn vorüber.)
J’en suis vraiment désolé, mais je comprends,… que vous êtes très indulgente.
FAUST: Faust:
Du kanntest mich, o kleiner Engel, wieder,
Gleich als ich in den Garten kam?
Ainsi, tu m’as reconnu, petit ange,
dès que j’ai mis le pied dans le jardin.
MARGARETE: MARGARITA:
Saht Ihr es nicht, ich schlug die Augen nieder.
Ne l’avez-vous pas vu ? Je baissais les yeux.
FAUST: Faust:
Und du verzeihst die Freiheit, die ich nahm?
Was sich die Frechheit unterfangen,
Als du jüngst aus dem Dom gegangen?
Et tu me pardonnes la liberté que j’ai prise,
et ce que mon audace m’inspira l’autre jour,
au moment où tu sortais de l’église ?
MARGARETE: MARGARITA:
Ich war bestürzt, mir war das nie geschehn;
Es konnte niemand von mir Übels sagen.
Ach, dacht ich, hat er in deinem Betragen
Was Freches, Unanständiges gesehn?
Es schien ihn gleich nur anzuwandeln,
Mit dieser Dirne gradehin zu handeln.
Gesteh ich's doch! Ich wußte nicht, was sich
Zu Eurem Vorteil hier zu regen gleich begonnte;
Allein gewiß, ich war recht bös auf mich,
Daß ich auf Euch nicht böser werden konnte.
Je me sentais toute troublée, jamais rien de pareil ne m’était arrivé,
et personne n’avait de mal à dire sur mon compte.
Hélas ! pensai-je, il faut qu’il ait trouvé dans ton air quelque chose de hardi,
de peu convenable ;
et il se sera dit qu’il pouvait ainsi
aborder cette fille sans ménagements.
Je l’avouerai pourtant, je ne sais quoi,
s’est ému soudain là, en votre faveur ;
toujours est-il que je m’en voulais fort de
ne pas pouvoir vous en vouloir davantage.
FAUST: Faust:
Süß Liebchen!
Douce bien-aimée !
MARGARETE: MARGARITA:
Laßt einmal!
(Sie pflückt eine Sternblume und zupft die Blätter ab, eins nach dem andern.)
Laissez un peu. (Elle cueille une Marguerite et l’effeuille.)
FAUST: Faust:
Was soll das? Einen Strauß?
Qu’est cela ? un bouquet !
MARGARETE: MARGARITA:
Nein, es soll nur ein Spiel.
Non, un simple jeu.
FAUST: Faust:
Wie?
Comment ?
MARGARETE: MARGARITA:
Geht! Ihr lacht mich aus.
(Sie rupft und murmelt.)
Allez ! vous vous moquerez de moi.
(Elle effeuille et murmure quelques paroles.)
FAUST: Faust:
Was murmelst du?
Que murmures-tu là ?
MARGARETE (halblaut): MARGUERITE, à mi-voix.
Er liebt mich- liebt mich nicht.
Il m’aime, – il ne m’aime pas.
FAUST: Faust:
Du holdes Himmelsangesicht!
¡Douce créature du ciel !
MARGARETE (fährt fort): MARGUERITE, continuant.
Liebt mich- nicht- liebt mich- nicht-
(Das letzte Blatt ausrupfend, mit holder Freude.)
Er liebt mich!
Il m’aime, – pas. – Il m’aime, – pas.
(Arrachant la dernière feuille avec une joie sereine.)
Il m’aime !
FAUST: Faust:
Ja, mein Kind! Laß dieses Blumenwort
Dir Götterausspruch sein. Er liebt dich!
Verstehst du, was das heißt? Er liebt dich!
(Er faßt ihre beiden Hände.)
Oui, mon enfant, laisse la voix d’une fleur être pour toi
l’oracle de la Divinité.
Il t’aime ! comprends-tu ce que cela veut dire ? Il t’aime !
(Il saisit ses deux mains.)
MARGARETE: MARGARITA:
Mich überläuft's!
Je me sens tressaillir.
FAUST: Faust:
O schaudre nicht! Laß diesen Blick,
Laß diesen Händedruck dir sagen
Was unaussprechlich ist:
Sich hinzugeben ganz und eine Wonne
Zu fühlen, die ewig sein muß!
Ewig!- Ihr Ende würde Verzweiflung sein
Nein, kein Ende! Kein Ende!
Oh ! ne tremble pas ! que ce regard,
que cette étreinte te disent
ce qui est inexprimable :
s’abandonner sans réserve,
et s’enivrer d’une volupté qui doit être éternelle !
Éternelle ! – Sa fin serait le désespoir.
Non, point de fin ! point de fin !
(Margarete drückt ihm die Hände, macht sich los und läuft weg. Er steht einen Augenblick in Gedanken, dann folgt er ihr.)
(Marguerite lui serre la main, se dégage et s’échappe ; il demeure un instant pensif, puis s’élance sur sa trace.)
MARTHE (kommend): MARTHE, revenant.
Die Nacht bricht an.
Voici la nuit.
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Ja, und wir wollen fort.
Oui, nous nous retirons.
MARTHE: MARTA:
Ich bät Euch, länger hier zu bleiben,
Allein es ist ein gar zu böser Ort.
Es ist, als hätte niemand nichts zu treiben
Und nichts zu schaffen,
Als auf des Nachbarn Schritt und Tritt zu gaffen,
Und man kommt ins Gered, wie man sich immer stellt.
Und unser Pärchen?
Je vous engagerais bien à rester plus longtemps,
mais on est si méchant ici !
il semble qu’on n’ait
à s’occuper que d’épier les pas
et les démarches du voisin ;
et de quelque façon qu’on se comporte, on prête au bavardage.
Et notre couple ?
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Ist den Gang dort aufgeflogen.
Mutwill'ge Sommervögel!
Enfui dans l’allée, là-bas, les joyeux papillons !
MARTHE: MARTA:
Er scheint ihr gewogen.
Il en paraît assez épris.
MEPHISTOPHELES: MEFISTÓFELES:
Und sie ihm auch. Das ist der Lauf der Welt.
Elle aussi de lui, c’est le cours du monde.





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