II. ¿Cómo leer este texto?


Ce texte tente d'expliquer l'une des œuvres les plus complexes et en même temps le plus grande de la littérature allemande, le Faust de Goethe. Le livre est très dense et il est difficile de la présenter de manière divertissante et claire. Le Faust de Goethe est à la fois la présentation d'une façon de voir le monde, disons d'une philosophie, et en même temps un texte plein de phrases belles et vraies. Très souvent, il contient la description précise de phénomènes psychologiques et, de temps en temps, il décrit des émotions très subtiles, difficiles à saisir, à la limite de ce qui peut être décrit avec la langue. Lorsqu'il s'agit d'interpréter une œuvre littéraire, on recherche généralement le "fil conducteur". Le "fil conducteur" de Faust est le pari que Dieu fait avec Méphistophélès, qui est à son tour une interprétation philosophique de l'homme. Mais le poids de certaines parties de Faust, qui sont déjà des poèmes à part entière, est si grand que ce "fil conducteur" est perdu. La force de Faust ne consiste pas dans le fait qu'il présente une vision cohérente de l'homme et du monde - ce qu'il ne fait même pas - mais dans la force de ses parties isolées.

Il y a néanmoins une idée générale. Le Dieu qui apparaît dans le Faust n'a rien à voir avec le Dieu chrétien. Le Dieu de Faust n'a lui-même aucune idée de l'espace de possibilités qui s'ouvre à l'homme, il ne lui sert donc à rien que l'on croie en lui. Faust est, comme il l'exprime, son serviteur, parce que son insatisfaction conduit à l'élargissement de l'espace des possibles. Ce passage est donc central pour la compréhension de l'œuvre.

Kennst du den Faust?
Connais-tu Faust ?
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Den Doktor?
Le docteur ?
DER HERR:
LE SEIGNEUR
Meinen Knecht!
Mon serviteur !
MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Fürwahr! er dient Euch auf besondre Weise.
Nicht irdisch ist des Toren Trank noch Speise.
Ihn treibt die Gärung in die Ferne,
Er ist sich seiner Tollheit halb bewußt;
Vom Himmel fordert er die schönsten Sterne
Und von der Erde jede höchste Lust,
Und alle Näh und alle Ferne
Befriedigt nicht die tiefbewegte Brust.
Oui-dà ! il faut avouer qu’il vous sert d’une étrange manière ! Le fou ne saurait se nourrir de choses terrestres ; l’angoisse qui le travaille le pousse dans les espaces, il a à moitié conscience de sa démence ; il veut du ciel les plus belles étoiles, et de la terre chaque sublime volupté, et, de loin ou de près, rien ne saurait apaiser l’insatiable aspiration de sa poitrine.
DER HERR:
LE SEIGNEUR
Wenn er mir auch nur verworren dient,
So werd ich ihn bald in die Klarheit führen.
Weiß doch der Gärtner, wenn das Bäumchen grünt,
Das Blüt und Frucht die künft'gen Jahre zieren.
S’il me sert aujourd’hui dans le trouble, je veux bientôt le conduire à la lumière. Le jardinier sait bien, lorsque l’arbuste verdit, qu’il portera plus tard fleurs et fruits.



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