V. Quelques vers


Quelques observations sur la littérature

Une œuvre littéraire ne peut pas être la simple présentation d'une vision du monde et, par conséquent, cette fameuse question, que veut dire l'auteur avec son œuvre, est un parfait non-sens car l'auteur ne veut rien dire. S'il voulait nous dire quelque chose, il pouvait le faire avec des mots clairs et simples et il ne serait pas nécessaire de la mettre dans un roman, un poème, etc. pour que le lecteur puisse déchiffrer l'énigme. Une œuvre littéraire est l'expression du non-identique, elle est l'expression de ce qui ne peut être décrite par des mots. Si Faust n'était que la présentation d'une vision du monde, il serait une œuvre très faible. La plupart des interprétations voient dans Faust la présentation d'une vision de l'humanité, tentent de la réduire à un "fil conducteur" et ont donc tort. La littérature n'explique pas le monde mais décrit les sensations que l'individu ressent face aux faits sociaux, c'est-à-dire qu'elle n'est pas quelque chose d'extérieur à lui.


Le "fil conducteur" n'est pas vraiment une idée unificatrice, et l'œuvre ne tire pas sa force de ce fil mais de ses parties isolées, qui n'ont bien souvent rien à voir avec lui. Nous aborderons donc Faust de manière moins systématique, en présentant des vers isolés. Peut-être que Goethe lui-même ne considérait non plus Faust comme une œuvre homogène. Nous pouvons trouver des vers tels que :

DIREKTOR: DIRECTOR
Wird vieles vor den Augen abgesponnen,
So daß die Menge staunend gaffen kann,
Da habt Ihr in der Breite gleich gewonnen,
Ihr seid ein vielgeliebter Mann.
Die Masse könnt Ihr nur durch Masse zwingen,
Ein jeder sucht sich endlich selbst was aus.
Wer vieles bringt, wird manchem etwas bringen;
Und jeder geht zufrieden aus dem Haus.
Gebt Ihr ein Stück, so gebt es gleich in Stücken!
Solch ein Ragout, es muß Euch glücken;
On vient pour voir, on veut voir à toute force.
Si le tissu se complique de tant de choses que la foule en reste les yeux béants d’admiration,
vous avez gagné votre cause,
vous êtes un homme adorable.
C’est par la masse seulement que vous agirez sur la masse.
Chacun, après tout, cherche quelque chose qui lui convienne.
Qui apporte beaucoup en apporte pour tout le monde,
et chacun s’en va du spectacle satisfait.
Donnez-vous une pièce, donnez-la en pièces ;
un tel ragoût vous réussira


Autrement dit, chacun entend ce que lui convienne et cela n'est pas forcement une philosophie. Un ragoût est présenté, chacun prend ce qui lui plaît et à la fin tout le monde est content. C'est ce que nous allons faire maintenant, prendre des parties du ragoût.

Faust est un texte très dense et von peut le lire plusieurs fois et toujours trouver quelque chose de nouveau. Un tel texte ne peut être présenté comme une pièce de théâtre car personne n'est capable de saisir autant d'informations en l'écoutant une seule fois. La sélection des versets est complètement arbitraire, elle ne suit aucun système et ce même pas sûre qu'ils soient les plus importants.


Tous ceux qui étudient la philologie connaissent le problème suivant : certaines personnes interprètent une œuvre littéraire d'une certaine manière et d'autres d'une manière différente, ce qui donne lieu à d'éternelles discussions. L'auteur n'a jamais vraiment compris ce genre de problème. Si une interprétation d'une œuvre enrichit la vie, nous révèle quelque chose, nous permet de voir la beauté de quelque chose, nous amuse, quoi que ce soit, alors elle est correcte. Si notre interpretaions correspondent aux intentions de l'auteur est irréleveant. Ce que n'a aucun valeur ce son les constructions purement verbales constructions stériles, ennuyeuses, insignifiantes, académiques.



contact déclaration de protection de données mentions légales