V. Quelques vers


28) ... Denn eben wo Begriffe fehlen ...

MEPHISTOPHELES: MÉPHISTOPHÉLÈS:
Denn eben wo Begriffe fehlen,
Da stellt ein Wort zur rechten Zeit sich ein.
Mit Worten läßt sich trefflich streiten,
Mit Worten ein System bereiten,
An Worte läßt sich trefflich glauben,
Von einem Wort läßt sich kein Jota rauben.
car là où manquent les idées, un mot trouve à propos sa place. Avec des mots on discute vaillamment, avec des mots on érige un système. On peut fort bien croire aux mots. D’un mot on n’ôterait pas un iota.

Si vous avez étudié linguistique, vous avez appris qu'un mot présente une chose particulière. C'est évidemment un parfait non-sens. Il est tout aussi absurde de croire qu'une phrase a un sens, dans la plupart des cas, ce n'est pas le cas. Le langage est un vecteur d'énergie dénuée de sens. Par exemple, très récemment, un homme politique allemand a déclaré qu'il était fier d'être allemand. Cette phrase est porteuse d'énergie, c'est une petite phrase de ce genre qui réchauffe le cœur, mais qui n'a aucun sens. D'un point de vue purement logique, on ne peut être fier que de ce que l'on a réalisé soi-même, car si l'on peut être fier des réalisations d'autrui, il faut définir précisément à quel point une personne peut être loin d'être fière de ce qu'elle a réalisé. Un Berlinois peut par exemple être fier de ce qu'un Munichois a fait (ils sont tous deux Allemands). Mais de Berlin à Munich, il y a 600 km et avec ces 600 km, vous atteignez aussi le Danemark. Un Allemand peut-il alors être fier de ce qu'a fait une personne au Danemark ? Un Allemand est un Européen mais un Français l'est aussi. Est-il possible pour un Allemand d'être fier de ce qu'un Français a fait ? Un Allemand peut-il être fier du fait qu'en Bolivie les bananes sont délicieuses ? Si l'on peut être fier des actes d'autrui, alors on peut être fier de n'importe quoi. Quoi qu'il en soit, bien que cette phrase n'ait aucun sens, elle a déclenché une discussion sur la fierté nationale. Cette discussion était très animée et pleine d'énergie, mais elle n'avait aucun sens. En résumé, on peut dire que le langage est un vecteur d'énergie, sans signification. La relation entre le langage et la réalité est très ambiguë, bien que de nombreuses personnes pensent qu'il existe une relation stable, il ne faut pas croire que derrière un mot se cache un concept, quelque chose de concret. Les mots ont un sens s'il y a une expérience personnelle derrière eux, mais on peut produire n'importe quel nombre de mots sans que ces mots soient chargés d'une expérience personnelle et très souvent un mot n'est d'autre que de l'air vibrant et donc c'est vrai ce que dit MÉPHISTOPHÉLÈS, c'est une erreur de croire que derrière un mot il y a un concept.



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